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Nashville

Mardi 23 décembre

 15 heures

Le cortège en direction du Marriott Renaissance Hôtel était composé de quatre voitures. John et Taylor occupaient la première, Lincoln et Marcus la deuxième, Fitz fermait la marche derrière la camionnette du médecin légiste, qui s'était glissée dans la funèbre procession au moment où elle quittait le bureau de police. Us n'avaient même pas besoin d'allumer leurs gyrophares : les automobilistes se rangeaient spontanément sur le côté pour les laisser passer.

Taylor ne disait pas un mot. Elle savait qui était la victime : les quelques détails qu'elle avait entendus lui avaient suffi à l'identifier. Une femme aux cheveux noirs, égorgée, portant du rouge à lèvres rouge vif. Si seulement elle avait reconstitué le puzzle plus rapidement ! Elle n'avait pas été capable de sauver Jane Macias. Et cet échec allait se répercuter sur tout son entourage : son père, ses coéquipiers, John. Elle éprouvait un sentiment de culpabilité insoutenable.

Ils prirent la voie d'accès réservée aux voituriers pour ne pas attirer davantage l'attention. Quatre voitures de patrouille bloquaient déjà l'entrée principale. Personne ne pouvait nier qu'il était arrivé quelque chose, mais s'ils pouvaient empêcher l'implication de Blanche-Neige de filtrer jusqu'à la presse, retarder le début d'un nouveau cycle d'hystérie... On pouvait toujours rêver.

La gérante les attendait dans l'entrée ; c'était une jeune femme aux cheveux blonds coupés en brosse, avec un regard farouche et un tour de taille considérable. Taylor la jaugea du regard : était-elle enceinte, ou simplement enrobée? En tout cas, elle gardait assez bien son sang-froid, dans la mesure où un tueur en série venait de fane un carnage dans une des chambres de l'hôtel qu'elle dirigeait. Voyant Sam arriver avec tout son matériel, elle fit un geste à l'intention d'un portier, lequel intercepta la légiste et son brancard et les aiguilla tous deux vers l'ascenseur de service.

Puis elle accompagna les autres vers l'ascenseur normal.

— Je m'appelle Deborah Haver, dit-elle en marchant. On va monter au dix-septième. C'est la femme de ménage qui l'a trouvée. Le panneau Ne pas déranger était sur la porte depuis deux jours, mais le couple dans la chambre d'à côté s'est plaint qu'il y avait une drôle d'odeur. On est montés et on a eu la même impression. Quand on a ouvert la porte... Eh bien, vous verrez par vous-mêmes.

A présent, l'ascenseur les propulsait en direction du ciel de Nashville.

— La chambre est au nom de qui? demanda Taylor. Ils arrivèrent au dix-septième et les portes de l'ascenseur

s'ouvrirent. La gérante sortit dans le couloir, les autres suivirent derrière.

— J'ai le nom ici... quelque part dans ce dossier... attendez...

Tout en feuilletant un classeur, elle s'arrêta devant une porte ouverte. Taylor passa devant elle et pénétra dans la chambre. « Ah, voilà ! » s'exclama la gérante à l'instant précis où Taylor apercevait le corps.

Elles prononcèrent son nom d'une seule voix, l'une sur un ton normal, l'autre avec stupéfaction.

— Charlotte Douglas.

— Quoi?

John, qui était resté derrière pour parler au téléphone, coupa court à sa conversation et se précipita dans la chambre. Taylor le vit encaisser le coup. Il ne fit pas un geste, son expression ne révélait rien, mais il était accablé.

— Oh, non..., dit-il simplement.

L'odeur de décomposition était tellement forte que Taylor ne put s'approcher tout de suite du corps. Elle traversa la pièce à pas prudents et se posta devant la fenêtre. La chambre donnait sur l'ouest, le soleil se couchait Les nuages s'entassaient comme des volutes de crème chantilly, mais ils étaient rouge sang. On aurait dit l'écume qui s'amasse autour d'un poumon crevé. Ciel rouge le soir, signe de beau temps, disait-on. C'était l'aube qui aurait dû être sanglante, pour mettre Charlotte en garde.

Quelle fin atroce... Taylor ne l'aurait pas souhaitée à son pire ennemi.

Elle se retourna enfin et affronta l'horrible spectacle. La lumière du soir teignait la pièce de rose et donnait au corps de Charlotte un éclat presque vivant. La plaie béante sur son cou était cernée de sang noir séché, ses lèvres étaient barbouillées d'un horrible sourire. Le sang avait coulé dans ses cheveux auburn et les avait rendus bruns. Des mèches s'étendaient en vrilles sur l'oreiller, comme des artères emportant le sang loin de son cœur.

Ses bras étaient écartés et ses jambes grandes ouvertes, comme en une invitation.

Taylor se tourna vers John. Il n'avait pas dit un mot, mais son visage était sombre, ses lèvres pincées. Elle le reconnaissait à peine. Dès qu'il parla, cependant, le sortilège fut brisé : ils redevinrent tous deux des policiers, plutôt que des individus touchés par un drame.

— Tu sais ce que cela signifie ? demanda-t-il.

— Je crois.

— Il a encore dévié par rapport au plan. C'était personnel, cette fois. Charlotte n'est pas une victime choisie au hasard.

— Tu as sans doute raison. Mais il faut qu'on sache s'il a laissé la coupure de presse. Ainsi que la myrrhe et l'encens. Il faut qu'on ait la certitude que c'est le même tueur.

— C'est lui, dit John en se retournant vers le corps. Pour moi, ça ne fait aucun doute.

— Pour moi non plus. N'empêche qu'il faut respecter la procédure. Laissons Sam l'examiner, elle va s'occuper de ramener... euh... de ramener Charlotte à la morgue.

Tous deux restèrent un instant silencieux, puis ils se détournèrent. Ils ne pouvaient plus rien pour elle.

Taylor regardait Sam travailler sur le corps de Charlotte Douglas. Une fois de plus, elle était émue par la manière dont son amie communiait avec les morts, par le respect avec lequel elle les traitait. Elle se rendait compte, à présent, qu'elle aussi avait frôlé la mort. Elle avait bien failli périr aux mains de l'Uomo. Cette idée lui était insupportable. Il fallait qu'elle passe à l'action. Qu'elle mette fin à tout cela.

Elle sortit de la chambre et trouva John dans le couloir, en train de parler à Fitz. Elle le regarda un moment de loin, songeant qu'elle s'effondrerait intérieurement si jamais il lui arrivait quelque chose. Certes, leur mariage avait été un désastre. Mais elle n'avait pas besoin de cette formalité pour savoir qu'il lui appartenait, et vice-versa.

Les deux hommes se tournèrent vers elle. John eut un sourire crispé.

— Tu tiens le coup ? demanda-t-elle.

— Plus ou moins.

— Très bien. Moi, je n'ai plus rien à faire ici. Je vais à la bibliothèque chercher le nom de l'homme de mon souvenir, celui qui portait la chevalière. Je sais que c'est Blanche-Neige. Si j'arrive à l'identifier, on pourra l'arrêter. Ainsi que son imitateur. Il faut que ça cesse.

Elle se dressa sur la pointe des pieds pour embrasser John. Sa barbe naissante lui piqua les lèvres, mais elle s'en moquait.

— Tu veux de l'aide, Taylor? demanda Fitz.

— Non. Assure-toi simplement que Sam n'a besoin de rien. Moi, il faut que j'y aille seule.

Le téléphone de John sonna pendant que Taylor s'éloignait. Elle se retourna et lui fit un petit signe de la main avant de disparaître dans l'ascenseur, n regarda l'appareil, reconnut le préfixe international et décida qu'il était temps de faire une pause. Il s'avança vers la grande baie vitrée au bout du couloir, et balaya du regard le panorama de cette ville qu'il aimait tant. Puis il répondit.

— A11ô?

— John Baldwin ? Juan à l'appareil.

— Hola, Juan. ¿ Como estas ? Gracias por responder a mi llamada tan pronto.

— Sin problema. Lincoln dijo que era importante. Por que no cambiemos al inglés ? Tu no necesitas prâcticar el espanol como yo la necesito en inglés.

— O.K. J'ai une question au sujet d'un individu qu'on soupçonne de trafic humain depuis l'Amérique du Sud vers les Etats-Unis. Il s'appelle...

— Edward Delglisi.

— Comment le sais-tu ?

— Mon ami, je me suis renseigné sur le meurtre de ce pauvre chauffeur. Le nom de Delglisi revenait sans arrêt.

— Dans quel contexte ?

— Si m me dis ce que tu veux savoir, je me ferai un plaisir de confirmer ou de nier en fonction de mes informations. Tu éclaires ma lanterne, j'éclaire la tienne, si Bien ?

— Si

John se gratta le front en essayant de décider par quel bout commencer.

— As-tu constaté une multiplication des affaires d'immigration forcée? Des sans-papiers importés aux USA pour des activités illicites ?

— Tu parles de la traite des Blanches ? Par des réseaux de proxénètes, par exemple ? Oui, on en voit pas mal. Il y a des poches de corruption dans la patrouille frontalière et les services d'immigration et de naturalisation. L'année dernière, on a vu des fonctionnaires vendre des cartes de séjour contre de l'argent ou des faveurs sexuelles. Des gouvernements étrangers sont eux aussi impliqués dans ce trafic, qui est devenu extrêmement lucratif. Quant à votre gouvernement, il semble avoir décidé de fermer les yeux. Des clandestins servent de passeurs à d'autres clandestins, des ordures importent des petites filles et les revendent chez vous. C'est assez effroyable.

— Vous saviez déjà qu'Edward Delglisi était impliqué ?

— Oui. Il fait l'objet d'enquêtes au Venezuela, au Brésil et en Argentine, mais pour l'instant, il semble intouchable, il a mis en place un système de protection à toute épreuve. Faux noms, déplacements constants, planques secrètes, comptabilité sophistiquée. On n'arrive jamais à mettre la main sur l'argent liquide.

— On vient d'avoir une altercation avec lui à New York. Tu penses que le fric est planqué là-bas ?

— Sûrement pas, il est beaucoup trop malin pour ça. Il l'expédie hors des frontières. C'est un criminel de la vieille école, il n'utilise pas l'informatique pour cacher son argent. Il le déplace à la main, à partir de New York. Récemment, on a pu intercepter un de ces envois. On a saisi un bateau dans la mer des Antilles. Tu en as entendu parler, peut-être ?

John posa le stylo avec lequel il prenait des notes et s'affaissa dans son fauteuil.

— Un bateau dans la mer des Antilles... Le Shiver, c'est ça?

— Exact.

Taylor allait sauter au plafond.

— Qu'est-ce que le gouvernement mexicain a à voir avec cette histoire ?

— Ah, mi amigo, tu sais ce que c'est... Parfois, il faut fermer les yeux sur certaines choses pour continuer à avancer.

— Ce bateau dont tu me parles... On est sûr qu'il avait un lien avec Delglisi ?

— C'est une certitude, oui. On a récupéré presque quatre millions de dollars à son bord. Malheureusement, l'homme qui le pilotait a réussi à s'échapper.

— Mais vous connaissez son identité.

— En effet. Il s'appelle Winthrop Jackson. Le quatrième de ce nom, si je ne m'abuse. Il semble y avoir un lien de parenté avec... euh...

— C'est le père de ma femme, oui. Elle n'est pas au courant.

— Eh bien, je te souhaite beaucoup de courage pour le lui annoncer.

— Merci, amigo. Revenons-en à ce chauffeur. Tu as du nouveau au sujet de son meurtre?

— La thèse officielle est qu'il y a eu erreur sur la personne.

— Mais tu n'y crois pas.

— Pas du tout. Mais c'est la version la plus commode pour l'instant. Par rapport à la situation d'ensemble, cet homme n'est qu'un détail, si tu vois ce que je veux dire.

Traduction : les autorités mexicaines n'avaient pas jugé utile d'ouvrir une enquête à son sujet.

— On a quand même une information qui pourrait t'intéresser. Un Américain est arrivé à Mazatlân par le même avion que notre pauvre chauffeur, et il a réembarqué pour New York le soir même. Il n'est pas connu de nos services. Il s'appelle Dustin Mosko.

Dustin Mosko. L'homme que Taylor avait tué à New York.

— Les nôtres le connaissent. Pour information, il n'est plus de ce monde. Mais il travaillait pour Delglisi.

— Ah... Alors tous les morceaux du puzzle s'assemblent, si je comprends bien?

Ils parlèrent encore quelques minutes, puis John mit fin à la conversation. Juan ne faisait que confirmer des soupçons qu'il avait depuis un moment, mais dont il redoutait de parler à Taylor.

II appela ensuite Garrett Woods.

Après s'être fait incendier pour ne pas avoir prévenu son chef de la mort de Charlotte, John lui rapporta les détails de sa conversation avec le mystérieux Juan. Woods voulut aussitôt se charger de l'affaire. C'était l'occasion de redresser tellement de torts... Ils parlèrent un moment des différents moyens de pression, de la meilleure manière d'empêcher cette ordure de nuire à des innocents. Cela aurait un prix, tous deux le savaient. Un prix assez élevé. John ne savait pas comment allait réagir Taylor.

Quand ils eurent fini, Woods exposa enfin à John les informations qu'il essayait de lui communiquer depuis plusieurs jours. La réputation posthume de Charlotte Douglas en prenait un coup. Woods lui donna les détails sur un ton furieux.

— On a épluché tous ses fichiers. II semble qu'elle ait mis en place un programme sophistiqué qui filtrait les crimes les plus obscènes et les profils ADN correspondants vers un site internet privé auquel elle seule pouvait accéder. Quand elle tombait sur quelque chose qui lui plaisait, elle s'affectait elle-même l'affaire.

— C'est comme ça qu'elle a trouvé l'imitateur de Blanche-Neige?

— Oui. Quand les flics de Denver ont chargé son ADN dans la base, ils auraient dû trouver la correspondance avec les fichiers de la Californie. En fait, cette information a été directement relayée à Charlotte. Ça fait un moment qu'elle regarde ce détraqué sévir d'un bout à l'autre du pays. On ne connaît pas la nature exacte de leur relation, mais ils ont manifestement été en contact. On ne saura sans doute pas, avant d'attraper le tueur, s'il l'a tuée sur un coup de tête ou s'il avait prévu de le faire depuis le départ.

— Pourquoi a-t-elle finalement décidé de rendre publiques les infos au sujet des correspondances ADN ?

— Elle n'avait pas le choix. Son petit manège était très dangereux. Le service informatique a confirmé qu'elle avait appelé la semaine dernière pour savoir s'ils avaient accidentellement découvert son cheval de Troie. En réalité, ils avaient seulement lancé une mise à jour qui a réinitialisé tout le système. La nouvelle base de données n'avait pas les codes de Charlotte, et les informations ont recommencé à transiter normalement. Si elle n'avait pas pris les devants, elle aurait rapidement attiré des soupçons sur elle. N'empêche que, sans la mise à jour, elle aurait pu continuer comme ça indéfiniment.

John en avait la nausée,

— Comment a-t-elle pu faire ça? Comment a-t-elle pu réussir les tests psychologiques pour entrer au Bureau ? Je savais qu'elle était passionnée par les comportements déviants, mais je ne l'ai jamais soupçonnée d'être passée du côté obscur...

— Je n'ai pas la réponse, John. Mais crois-moi, on la cherche. On a lancé une grosse enquête interne. C'est Stuart Evanson qui avait la responsabilité du service, il devra sans doute partir. C'est lui qui a nommé Charlotte directrice-adjointe de l'unité. Un poste pour lequel elle n'était pas qualifiée, tu me l'avais signalé au moment de ton départ. Tous les deux, on est intouchables dans cette histoire. Contrairement à Evanson.

— Quelle perte pour le Bureau...

Un silence lourd de sarcasme plana quelques secondes, puis John ajouta :

— Du moment que tu es protégé, c'est tout ce qui compte pour moi. Evanson est un imbécile.

La grande horloge industrielle du bureau de Taylor indiquait 17 heures. John dit au revoir à Woods et lui promit que, dorénavant, il répondrait à ses appels téléphoniques.

Charlotte Douglas... Il avait senti depuis le début que c'était une vraie dose de poison ambulant.

Secouant la tête, chassant le sentiment de trahison qui le taraudait, il se mit en quête de son manteau. Le moment était venu de trouver Taylor et de lui exposer les révélations de l'après-midi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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